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H4 - L'industrialisation et l'accélération des transformations économiques et sociales en France (1848-1870)
Entre 1848 et 1870, des transformations économiques et sociales majeures affectent la France.
Pendant cette période-là, la France connaît un phénomène d’industrialisation (passage progressif d’une société à dominante agricole à une société à dominante industrielle et commerciale) qui génère des transformations économiques (affirmation du rôle de l’État mais aussi des entrepreneurs) mais aussi des transformations sociales (développement des villes et conflits entre ouvriers et bourgeois).
Comment le phénomène d’industrialisation transforme-t-il les structures économiques et sociales en France entre 1848 et 1870 ?
Après avoir montré que l’industrialisation accélère les transformations économiques en France de 1848 à 1870, on montrera qu’elle accélère les transformations sociales.
I. L’industrialisation accélère les transformations économiques
A. L’apparition du phénomène d’industrialisation
La France débute son industrialisation dans les années 1840. Apparaissent un nouveau mode de production lié à l’emploi de machines et la production en série dans les usines. Même si l’eau et le bois restent des sources d’énergie très utilisées, le développement des mines de charbon et l’essor de la production de la houille (charbon utilisé comme combustible) permettent l’implantation de machines à vapeur comme c’est le cas dans les usines Schneider du Creusot.
Les usines se multiplient dans le Nord et dans l’Est du pays. Le travail à domicile décline, le salariat (rémunération du travail par le versement d’un salaire) et la mécanisation (remplacement du travail manuel par des machines) s’imposent. Les travailleurs sont désormais soumis au rythme des machines et à la discipline imposée dans les ateliers par les règlements des contremaîtres : on le voit avec le règlement de l’usine Hutchinson de Montargis.
La mécanisation se développe dans les usines. Dans le textile, le coton est à la pointe du mouvement de mécanisation. Dans la sidérurgie, la famille de Wendel développe son activité à Hayange en Moselle, concentrant mines, hauts-fourneaux et ateliers de laminage. La famille Schneider fait de la ville du Creusot un centre de construction mécanique et d’armement qui utilise les techniques les plus modernes comme les aciers spéciaux ou le marteau-pilon.
B. Le rôle fondamental d’un État modernisateur
Napoléon III favorise la modernisation de l’économie. Cette politique favorable aux activités s’explique par l’attachement de Napoléon III au saint-simonisme (idéologie qui préconise l’avènement d’une société industrielle en confiant une place politique importante aux forces productives du pays). Par conséquent, l’État développe le réseau ferroviaire (sa longueur a été multipliée par cinq entre 1850 et 1870) et met en place une législation favorable aux entreprises (la loi de 1867 permet la création des sociétés anonymes).
L’État encourage aussi la production. Il exalte le progrès et la modernité, promeut le savoir- faire et les innovations (perfectionnement d’une invention permettant sa production industrielle) des entrepreneurs français avec l’Exposition universelle de 1855, organisée à Paris.
L’État encourage aussi les échanges. Napoléon III est convaincu du bien-fondé du libéralisme économique (système fondé sur la faiblesse des droits de douane pour stimuler les échanges commerciaux : c’est pour lui un moyen d’accélérer la modernisation de l’économie. En janvier 1860, Napoléon III signe avec un traité de libre-échange avec le Royaume-Uni, alors première puissance économique mondiale.
C. Une nouvelle génération d’entrepreneurs
De nombreuses entreprises sont encore dirigées par des « héritiers » et assises sur des capitaux familiaux. Les actions (parties du capital d’une entreprise) des sociétés sont encore largement détenues par des descendants du fondateur. C’est le cas dans la famille de Wendel dont l’histoire industrielle commence au début du XVIIIème siècle. Charles de Wendel, le patron de l’entreprise sidérurgique entre 1853 et 1870, est la cinquième génération à la tête de cette entreprise familiale, qui est le premier groupe sidérurgique français.
Le Second Empire voit aussi émerger une nouvelle génération d’entrepreneurs. Par leur audace et leurs investissements, ils transforment en profondeur le capitalisme (organisation de l’économie reposant sur la propriété privée, la concurrence et la recherche du profit) national.
Avec la fondation du Crédit mobilier, en 1852, Émile et Isaac Pereire révolutionnent le système du crédit et donnent le signal de la création de nombreuses banques de dépôt : fondation du Crédit lyonnais en 1863, de la Société générale en 1864… Émile et Isaac Pereire investissent dans de nombreux secteurs, tels que les chemins de fer, l’immobilier, les assurances… Mais cette multiplication d’investissements et de spéculations est parfois à l’origine de scandales retentissants : c’est le cas de la faillite du Crédit mobilier en 1867.
II. L’industrialisation accélère les transformations sociales
A. L’âge d’or du monde rural et des campagnes
Les campagnes occupent encore une place considérable dans l’économie et la société française. Malgré l’entrée dans la révolution industrielle et le développement du travail en usine, la majorité des Français vivent toujours dans les campagnes.
ex : Plus de 70% des Français vivent toujours à la campagne en 1850.
Le monde rural connaît son âge d’or. L’État favorise le désenclavement des campagnes par le développement des chemins de fer et assèche certaines régions (Landes, Sologne). Nombre d’agriculteurs voient leurs productions, leurs exportations et leurs revenus progresser.
ex : la production agricole est quasiment multipliée par deux sous le Second Empire.
Mais cette prospérité ne profite pas à la masse des ouvriers agricoles. Une partie de ces travailleurs de la terre décide de tenter sa chance en ville : le Second Empire est ainsi marqué par le début de l’exode rural (mouvement de départ définitif d’habitants des campagnes vers les villes) et la baisse de l’emploi agricole.
ex : À partir des années 1850, on compte 130 000 départs annuels vers les villes du pays.
B. La France, un pays en voie d’urbanisation