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H2 - LA MÉDITERRANÉE ANTIQUE : LES EMPREINTES GRECQUES ET ROMAINES
La démocratie athénienne et l’Empire romain ont marqué durablement nos sociétés. Athènes, une cité de petite taille située à l'est de la Grèce continentale, comprend une ville et ses campagnes environnantes, sous l'autorité d’un pouvoir politique. C’est une démocratie, un régime dans lequel les citoyens détiennent le pouvoir. Au Ve siècle avant J.-C., sous le leadership de Périclès, Athènes accroît son influence politique, militaire, économique et culturelle sur les autres cités grecques.
L’Empire romain, quant à lui, est un vaste territoire s’étendant sur l’ensemble du bassin méditerranéen. Fondé par Auguste en 27 avant J.-C., il repose sur le pouvoir d’un seul homme, transmis de façon héréditaire. L’influence romaine se propage à travers les conquêtes militaires, la diffusion de la culture romaine et l’expansion du christianisme.
Problématique : Pourquoi la démocratie athénienne et l’Empire romain sont-ils encore des modèles politiques et culturels influents de nos jours ?
A. Une cité démocratique qui fait exception dans le monde grec
- Entre 445 et 429 avant J.-C., Périclès dirige la cité d’Athènes. Élu 15 fois consécutivement au poste de stratège, il exerce la fonction de magistrat chargé des affaires militaires. Sous son mandat, la démocratie athénienne présente plusieurs avantages :
- Droits politiques pour les citoyens (personnes disposant de droits et de devoirs dans le cadre du régime politique) :
- Ils se réunissent 10 fois par an à l’ecclésia.
- Ils tirent au sort ou élisent les membres de l’héliée, de la boulè, et les magistrats.
- Réformes démocratiques : en 461 avant J.-C., Périclès réduit les pouvoirs de l’aréopage (un tribunal réservé aux citoyens des classes sociales les plus aisées), renforçant ainsi ceux de l’héliée.
- Cependant, la démocratie athénienne sous Périclès présente aussi des limites :
- Elle est dominée par une élite éduquée et aisée : bien que l'égalité soit garantie devant la loi, elle n’existe pas pleinement dans la vie politique.
- La citoyenneté est réservée aux descendants de citoyens. En sont exclus les enfants de non-citoyens, les femmes, les esclaves et les étrangers.
- La vie politique est parfois entachée de corruption liée à l’argent.
- En 478 avant J.-C., après sa victoire contre les Perses à Salamine, Athènes établit une alliance militaire avec presque toutes les cités grecques, à l'exception de Sparte, qui forme sa propre alliance. Cette coalition, appelée ligue de Délos, s’étend autour de la mer Égée.
- Athènes impose sa domination sur les cités de la ligue de Délos par plusieurs moyens :
- Un décret gravé sur une stèle de marbre affirme l’autorité d’Athènes sur les cités alliées et doit être installé sur l’agora de chacune d'elles. L’application de ce décret est obligatoire, même si certaines cités s’y opposent.
- L’usage de toute monnaie autre que celle d’Athènes est interdit dans la ligue.
- En 454 avant J.-C., Périclès transfère le trésor commun*des cités alliées à Athènes (fonds destinés au financement de la ligue) et l’utilise pour embellir la ville.
La domination exercée par Athènes sur les cités de la ligue de Délos est qualifiée d'impérialisme (politique consistant à soumettre d’autres États à sa domination politique ou économique). Athènes devient ainsi une thalassocratie, affirmant sa puissance par la maîtrise des mers.
C. Une cité contestée et une démocratie renversée
- Plusieurs facteurs expliquent les contestations contre la domination athénienne :
- Périclès interdit à Mégare de commercer en mer Égée, provoquant la révolte de cette cité, bientôt suivie par d’autres.
- Le transfert du trésor de la ligue de Délos à Athènes et son utilisation pour financer des travaux d’embellissement dans la cité crée des tensions : certaines cités refusent alors de payer le tribut destiné à financer la ligue.
- Au sein de la ligue de Délos, plusieurs cités se soulèvent contre l'impérialisme athénien : En 440 avant J.-C., Samos refuse l’intervention d’Athènes dans le conflit qui l’oppose à Milet, mais la révolte est écrasée. Samos est contrainte de livrer sa flotte, et une démocratie lui est imposée, en remplacement de son ancien régime oligarchique (gouverné par un petit groupe d’élites).
- Certaines cités grecques extérieures à la ligue de Délos rejettent également l’hégémonie d’Athènes :
- Sparte déclare la guerre du Péloponnèse (431-404 avant J.-C.) pour s’opposer à Athènes.
En 411 avant J.-C., la démocratie athénienne est renversée une première fois et remplacée par une oligarchie, avant d’être brièvement rétablie. En 404 avant J.-C., après la défaite militaire d’Athènes face à Sparte et la dissolution de la ligue de Délos, la démocratie athénienne est de nouveau abolie.
II. L’empreinte romaine en Méditerranée du Ier siècle avant J.-C. au IVe siècle après J.-C.
A. Un empire né de crises et du renversement de la République
- Au Ier siècle avant J.-C., Rome traverse une période de crises politiques. En 44 avant J.-C., Jules César est assassiné, et son héritier Octave engage une guerre pour lui succéder. Octave affronte à la fois les partisans de la République (régime en place de 509 à 27 avant J.-C. , reposant sur le partage du pouvoir entre les citoyens, les magistrats et le Sénat) et Marc Antoine, son principal rival. Après la victoire d’Octave à la bataille d’Actium en 31 avant J.-C. , il accède seul au pouvoir.
- En 27 avant J.-C., Octave transforme le régime en abandonnant les institutions républicaines, jugées inadaptées pour administrer un territoire aussi vaste. Il devient Princeps (le « premier ») et reçoit du Sénat le titre d’Augustus, conférant un caractère sacré à son autorité. À partir de cette date, le régime impérial est désigné sous le nom de principat, marquant la concentration du pouvoir entre les mains de l’empereur.
- Octave conserve toutefois les institutions républicaines en apparence : le Sénat et les magistrats subsistent, mais leurs pouvoirs sont réduits. Le contrôle des provinces est partagé entre le Sénat et l’empereur.
B. Un empire en expansion grâce aux conquêtes
- À partir du Ier siècle après J.-C., les empereurs poursuivent l'expansion territoriale aux marges de l’Empire : des régions comme la Bretagne, la Germanie, la Dacie, la Thrace, la Cappadoce, l'Arabie et la Maurétanie sont conquises. Sous le règne d’Hadrien en 117 après J.-C., l’Empire abandonne toutefois l’Arménie et la Mésopotamie. L’intégration et la sécurisation de ces nouveaux territoires reposent sur plusieurs stratégies :
- Voyages et campagnes militaires: les empereurs se déplacent au sein de l’Empire pour assurer son contrôle. Par exemple, Tibère conquiert la Cappadoce en 17 après J.-C.
- Fortification des frontières menacées par des peuples non-romains (« barbares ») : des limes sont édifiés, comme le mur d’Hadrien au nord de la Bretagne, avec des camps de légionnaires à proximité.
- Création de colonies : à partir du Ier siècle avant J.-C., des cités sont fondées, souvent sur des anciens camps militaires, pour peupler les territoires conquis avec des citoyens romains. C’est le cas de Tolosa (Toulouse actuelle), fondée par Auguste en 14, comme l’atteste la borne milliaire de Saint-Couat. Ces colonies adoptent un plan en damier et abritent des édifices typiques (théâtres, thermes). Cette diffusion de la culture romaine par l’installation de citoyens et la construction d'infrastructures est appelée romanisation.
C. Un empire aux influences culturelles et religieuses variées
- L’Empire romain est un mélange d’héritages culturels et religieux : il reprend notamment les traditions grecques, la religion polythéiste romaine étant directement inspirée du panthéon grec. En parallèle, chaque province conserve ses traditions locales, comme le judaïsme et le christianisme, deux religions monothéistes. Les juifs et les chrétiens, refusant de participer au culte impérial (vénération de l’empereur et de l’Empire), sont victimes de persécutions entre le Ier et le IVe siècle après J.-C. Néanmoins, un syncrétisme (mélange d’influences culturelles et religieuses) s’installe peu à peu dans l’Empire.
- L’empereur Constantin (306-337) joue un rôle central dans la christianisation de l’Empire :
- En 313, il rencontre Licinius, empereur d’Orient, et ils rédigent ensemble l’édit de Milan, garantissant la liberté de culte et mettant fin aux persécutions. Cet édit ordonne également la restitution des lieux de culte confisqués aux chrétiens.
- En 325, Constantin convoque le concile de Nicée, réunissant les évêques de l’Empire. L’organisation de l’Église chrétienne est calquée sur l’organisation administrative de l’Empire : chaque évêque est installé dans la capitale d'une province.
- En 337, Constantin se convertit au christianisme sur son lit de mort.
- Sur le plan territorial, il réorganise l’Empire en fondant une nouvelle capitale, Constantinople, en 330. Cette réforme prépare la division définitive de l’Empire en 395, sous le règne de Théodose. Bien que le christianisme soit né en Orient (autour de Jérusalem), il se déplace progressivement vers Constantinople, avant de s’établir définitivement à Rome avec l'implantation de la papauté, décidée lors du concile de Nicée. En 392, Théodose fait du christianisme la religion officielle de l’Empire.
Conclusion
- Athènes a développé un modèle démocratique où les citoyens participent activement à la vie politique et où la culture intellectuelle est florissante. Ce modèle est transmis aux Romains après la conquête de la Grèce en 146 avant J.-C.. Dans l’Empire romain, les cultures locales se mêlent à la tradition romaine, créant une mosaïque d’influences.
- L’héritage politique et culturel de l’Antiquité, incarné par la démocratie et le christianisme, a perduré à travers le temps et l’espace, marquant profondément le monde contemporain.