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H3 - La Seconde Guerre mondiale : une guerre totale et une guerre d'anéantissement
Près de vingt ans après la fin de la Première Guerre mondiale, un nouveau conflit mondial éclate : il débute en Asie en 1937 et en Europe en 1939, mobilisant l’ensemble de la planète. Après une série de succès initiaux des forces de l’Axe, les Alliés parviennent finalement à renverser la situation, libérant les territoires occupés en Europe et en Asie.
La Seconde Guerre mondiale marque l’apogée de la guerre totale. Ce conflit, profondément idéologique, dépasse l’objectif de victoire militaire : il s’agit d’anéantir l’ennemi. Cette logique conduit à des crimes de masse, notamment le génocide des Juifs et des Tsiganes.
En France, la défaite de 1940 divise la population. Tandis que la majorité adopte une posture attentiste, certains Français choisissent la collaboration avec l’occupant nazi, sous la direction du maréchal Pétain. D'autres, au contraire, rejoignent la Résistance, guidés par le général de Gaulle.
Problématique : En quoi la Seconde Guerre mondiale a-t-elle contribué à déstabiliser profondément le monde, l’Europe et la France ?
I. Une guerre à l’échelle planétaire
A. Les victoires des forces de l’Axe (1939-1942)
Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne, déclenchant une réaction immédiate : le 3 septembre, le Royaume-Uni et la France lui déclarent la guerre. Cependant, le début du conflit en Europe occidentale est marqué par la « drôle de guerre », une période d’inaction militaire sur ce front, qui s’étend de septembre 1939 à mai 1940. Ce statu quo prend fin le 10 mai 1940, lorsque l’Allemagne lance une offensive éclair, la Blitzkrieg. Cette stratégie, combinant bombardements massifs et avancée rapide des blindés, mène à l’invasion de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg et de la France. Malgré les bombardements intensifs sur Londres, Hitler échoue à envahir le Royaume-Uni, qui continue de résister.
En 1941, l’Allemagne étend ses conquêtes en occupant la Yougoslavie, la Grèce et une partie de l’Afrique du Nord. Le 22 juin 1941, Hitler rompt le pacte de non-agression avec l’Union soviétique et lance l’opération Barbarossa. Les troupes allemandes avancent jusqu’aux portes de Moscou et de Leningrad, mais Staline organise une contre-offensive. À ce stade, presque toute l’Europe est sous domination nazie, à l’exception de quelques pays neutres comme l’Espagne, la Suisse et la Suède.
Pendant ce temps, le Japon, déjà engagé dans une guerre contre la Chine depuis 1937, attaque la base navale américaine de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. En réponse, le président Roosevelt fait voter l’entrée en guerre des États-Unis. Le Japon poursuit ses offensives en Asie du Sud-Est, s’emparant de vastes territoires, dont la Corée, le littoral chinois, l’Indochine française et les Indes néerlandaises. À partir de ce moment, le conflit prend une dimension véritablement mondiale.
B. L’année 1942, tournant majeur de la guerre
L'entrée en guerre des États-Unis contre le Japon, l'Allemagne et l'Italie bouleverse le rapport de forces en faveur des Alliés. Grâce à leur puissance économique, industrielle et militaire, les États-Unis deviennent « l'arsenal des démocraties », selon le président Roosevelt. Ils produisent des armes en quantité massive, qu’ils fournissent à leurs alliés pour affronter les forces de l’Axe.
En août 1941, Roosevelt et Churchill signent la Charte de l’Atlantique, définissant leurs objectifs de guerre : l’anéantissement des forces de l’Axe, qualifié de « destruction de la tyrannie nazie », et le rétablissement d’une paix durable basée sur la sécurité collective et le désarmement. Les deux camps s’engagent alors dans une guerre totale, mobilisant toutes les ressources humaines, économiques et militaires. Les civils deviennent des cibles, notamment à travers les bombardements stratégiques massifs visant les infrastructures militaires, industrielles et les villes, pour affaiblir l'ennemi sur tous les plans.
À partir de 1942, les Alliés parviennent à enrayer l’expansion des puissances de l’Axe. En juin 1942, la bataille de Midway marque un tournant décisif dans le Pacifique, stoppant la progression japonaise. En novembre 1942, la victoire alliée à El Alamein repousse les forces allemandes d’Égypte, éloignant la menace sur le canal de Suez. Enfin, en février 1943, la capitulation du maréchal Paulus à Stalingrad, après une bataille acharnée, constitue un revers majeur pour l’Allemagne sur le front de l’Est.
C. Les victoires des forces alliées (1943-1945)
La contre-offensive alliée prend de l'ampleur en 1943 avec le débarquement anglo-américain en Sicile et la libération de la Corse en octobre. En juin 1944, deux grandes opérations marquent un tournant décisif : le débarquement allié en Normandie (opération Overlord), mené sur cinq plages (Omaha, Utah, Gold, Juno et Sword) sous le commandement du général américain Eisenhower, et l’opération Bagration, dirigée par le maréchal soviétique Joukov à l’Est. Ces offensives visent à encercler l'Allemagne en attaquant simultanément depuis l’Ouest et l’Est pour forcer sa capitulation.
Dès 1944, les troupes nazies reculent sur tous les fronts. Après le débarquement franco-américain en Provence en août 1944, les Alliés progressent et libèrent progressivement le territoire français, tandis que l’Armée rouge reconquiert les pays d’Europe de l’Est sous domination allemande. Le 30 avril 1945, alors que Berlin tombe aux mains de l’Armée rouge, Hitler se suicide dans son bunker. Les 7 et 8 mai 1945, l'Allemagne signe sa capitulation à Reims puis à Berlin.
Cependant, la guerre se poursuit dans le Pacifique, où le Japon résiste à l’avancée américaine. En 1945, les États-Unis intensifient leurs bombardements sur le Japon. En août, le président Truman décide d’employer l’arme nucléaire : Hiroshima et Nagasaki sont détruites les 6 et 9 août 1945. Le 15 août, l'empereur Hirohito annonce à la radio la capitulation du Japon. Celle-ci est formellement signée le 2 septembre 1945 à bord du cuirassé Missouri dans la baie de Tokyo, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
II. Une guerre d'anéantissement
A. Une guerre raciale pour détruire l'ennemi
Pour Hitler, auteur de Mein Kampf (Mon combat), la guerre est indispensable. Elle constitue le moyen par lequel le plus fort affirme sa survie et sa supériorité sur le vaincu. Elle doit permettre l’avènement d’une société « aryenne » racialement pure, débarrassée des Juifs et de ceux que les nazis considèrent comme des « anormaux » (personnes handicapées, homosexuels).
La guerre menée par les nazis est une guerre de conquête, de colonisation, d’asservissement et surtout d’anéantissement (un conflit dont l’objectif n’est pas seulement de vaincre mais de détruire totalement l’ennemi, qu’il soit militaire ou civil). Une fois l’Europe de l’Ouest conquise, les nazis envisagent de poursuivre leur guerre en Europe de l’Est pour y gagner un « espace vital » (Lebensraum), jugé essentiel à l’épanouissement du peuple allemand.
Pour les nazis, l’ennemi ultime est le « judéo-bolchevisme », incarné par l’URSS. Le 22 juin 1941, l'Allemagne nazie lance l’opération Barbarossa pour détruire ce pays. Sur le front de l’Est, les massacres de masse visant les Juifs et/ou les communistes sont encouragés par les ordres de généraux allemands, comme Erich von Manstein. Ces populations sont massivement assassinées et affamées, afin d’éliminer toute menace et de permettre à la « race aryenne » de s’approprier les ressources nécessaires à son expansion.
B. Des violences de masse en Europe et en Asie
Les combats de la Seconde Guerre mondiale se caractérisent par leur violence extrême. Les armées bafouent les lois de la guerre et les conventions de Genève de 1864 et 1929, qui établissent des règles pour protéger les victimes des conflits armés. Par exemple, en avril-mai 1940, l’Armée rouge exécute 22 000 officiers polonais à Katyn sur ordre de Staline. De son côté, l’armée allemande massacre des milliers de prisonniers soviétiques. Dans les villes assiégées, comme à Leningrad, les civils subissent des famines organisées.
Cette guerre efface la distinction entre militaires et civils, ces derniers étant souvent considérés comme des ennemis. Partout en Europe, les populations civiles deviennent des cibles lors des représailles contre les résistants (notamment en URSS). Par ailleurs, les bombardements stratégiques, visant à briser le moral des populations, commencent avec les attaques allemandes contre le Royaume-Uni en septembre 1940 avant de se généraliser.
En Asie, la violence atteint également des sommets. Depuis 1937, l’armée japonaise multiplie les atrocités contre les populations occupées et les soldats ennemis prisonniers. En décembre 1937, elle commet le massacre de Nankin en Chine, causant entre 40 000 morts (selon le Japon) et 400 000 morts (selon la Chine).
C. Une guerre marquée par deux génocides
L’offensive allemande en URSS marque une rupture. Dès août 1941, les Einsatzgruppen (unités mobiles de tuerie composées de SS et de policiers) mènent des fusillades massives pour exterminer les Juifs accusés d’être responsables de la guerre. Ces massacres marquent le début de la Shoah (mot hébreu signifiant « catastrophe » et désignant l’anéantissement des Juifs par les nazis).
À partir de fin 1941, l’Allemagne met en place des centres de mise à mort, où les Juifs déportés sont exterminés dès leur arrivée. Dès l’été 1942, Auschwitz-Birkenau et Treblinka deviennent les principaux lieux de l’extermination des Juifs à l’échelle européenne, dans le cadre de la « Solution finale à la question juive » (expression officialisée lors de la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942). Cette politique d’extermination systématique, dirigée par Heinrich Himmler, entraîne la mort de près de 6 millions de Juifs, soit environ 63 % de la population juive européenne.
Les Tsiganes sont également victimes d’un génocide, appelé Samudaripen par leur communauté. Déjà persécutés avant la guerre en tant que « race inférieure », ils sont internés dans des camps, déportés vers des ghettos à partir de 1940, puis exterminés dans les centres de mise à mort comme Auschwitz-Birkenau. À la fin de la guerre, environ 250 000 Tsiganes, soit 34 % de leur population, ont été exterminés.
A. Le choc de la défaite et ses conséquences
L’offensive allemande du 10 mai 1940 provoque une débâcle de l’armée française et l’invasion de la partie nord-est du territoire. Huit millions de civils fuient sur les routes. Face à l’entrée des troupes allemandes dans Paris, le gouvernement se réfugie à Bordeaux, où il débat de la possibilité de poursuivre le combat hors de la métropole.
Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain, devenu président du Conseil, annonce la demande d’armistice, qui entre en vigueur le 25 juin. La France est alors divisée : seule la zone sud échappe à l’occupation allemande. L’absence des 1,8 million de soldats faits prisonniers et les réquisitions allemandes entraînent des pénuries alimentaires sévères.
Le 10 juillet 1940, Pétain obtient les pleins pouvoirs et instaure le régime de l’État français, basé à Vichy. Il rompt avec les principes républicains, remplaçant la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » par « Travail, Famille, Patrie ». La propagande exalte la figure du vainqueur de Verdun, mais le régime restreint fortement les libertés fondamentales (presse, réunion, association, etc.).
B. La France, entre occupation et collaboration
Adoptant une politique xénophobe et antisémite, Pétain propose à Hitler une collaboration active avec l’Allemagne nazie lors de l’entrevue de Montoire, le 24 octobre 1940. La collaboration prend des formes multiples : administrative, économique, culturelle, militaire et judiciaire. En juillet 1942, la police française participe aux rafles de Juifs, notamment celle du Vel’ d’Hiv’, avant leur déportation vers les centres de mise à mort en Pologne.
L’invasion de la zone sud par l’Allemagne le 11 novembre 1942 radicalise le régime de Vichy, de plus en plus impopulaire. Des collaborationnistes convaincus, comme René Bousquet ou Joseph Darnand, intègrent le gouvernement. La Milice, créée en 1943, traque résistants et Juifs aux côtés de la Gestapo.
L’instauration du Service du travail obligatoire (STO) le 16 février 1943 contraint de nombreux Français à travailler en Allemagne. Ce dispositif pousse des milliers de réfractaires à se cacher dans des zones reculées, formant des maquis. Ces groupes, souvent dirigés par les organisations de résistance, se tournent progressivement vers des actions de lutte armée.
C. Une France qui résiste pour sa libération
Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance son appel depuis Londres via la BBC, invitant les Français à refuser l’armistice et à poursuivre la lutte. Quelques milliers de volontaires rejoignent la France libre pour continuer le combat. En métropole, des groupes de résistants se forment autour d’activités clandestines : publications, renseignement, ou aide aux évadés. Cependant, en 1940, ces groupes restent minoritaires.
Peu à peu, la résistance intérieure se structure. Sous l’impulsion de Jean Moulin, le Conseil national de la Résistance (CNR) est créé le 27 mai 1943. Cet organe, qui rassemble divers mouvements de résistance, agit sous l’autorité du général de Gaulle.
Dès l’automne 1943, la perspective d’un débarquement anglo-américain imminent motive la France combattante (nouveau nom donné à la France libre en 1942) à préparer la libération du territoire et la restauration de la République. Le programme du CNR, ainsi que les ordonnances du gouvernement provisoire dirigé par de Gaulle à Alger, dessinent les contours d’une France démocratique renouvelée.
Conclusion
La Seconde Guerre mondiale est un conflit total et mondial, opposant les forces de l’Axe aux Alliés sur tous les continents et océans. Elle marque un tournant dans l’histoire par sa brutalité inédite envers les civils et les soldats, les lois de la guerre étant fréquemment violées.
C’est aussi la première guerre d’anéantissement, où l’objectif dépasse la simple victoire militaire pour viser l’extermination totale de l’ennemi. Les génocides des Juifs et des Tsiganes, ainsi que les bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, en sont les illustrations les plus tragiques.
La France, profondément bouleversée par ce conflit, connaît une occupation militaire et un régime de collaboration sous l’autorité de Pétain. Cependant, une minorité, emmenée par le général de Gaulle et les résistants, refuse la soumission et lutte pour la libération du pays, qui s’achève entre 1944 et 1945 avec la restauration de la République.