H1 LE JEU DES PUISSANCES DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES DEPUIS

1945

H1 LE JEU DES PUISSANCES DANS LES RELATIONS INTERNATIONALES DEPUIS

1945


Partie 1 : La Guerre Froide, 1947 – 1991

I/ 1945 et la défaite des forces de l'Axe

Après la défaite de l'Axe en 1945, les territoires conquis par le Japon et l'Allemagne retrouvent leur indépendance. Cependant, certains pays sont divisés, comme le Vietnam (Nord et Sud), la Corée (Nord et Sud), ou encore l'Allemagne, divisée suite à la conférence de Yalta (1945) en quatre zones sous contrôle étranger : une zone britannique, une américaine, une soviétique et une française. Il en est de même pour la ville de Berlin, située dans la zone soviétique mais divisée de la même façon. De plus certains pays se voient contraints de subir une présence militaire étrangère, comme le Japon, où des bases américaines sont implantées.

Les pays d'Europe de l'Est retrouvent leur indépendance mais sont incorporés à l'Union Soviétique, et l’État d’Israël est créé en Palestine (1947) pour accueillir les populations juives souhaitant quitter l'Europe, une décision contraire à l'avis de l'ensemble du monde arabe.

Ces redécoupages géographiques ont été, et pour certains sont toujours, à l'origine de conflits majeurs de la seconde moitié du XXème siècle.

 

II/ La guerre froide : un conflit idéologique

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l'URSS sont en désaccord à propos du système économique et politique à mettre en place dans les pays libérés. Alors que les soviétiques souhaitent faire de ces pays des États communistes, les États-Unis souhaitent voir leur entrée dans le système capitaliste.

Les deux puissances vont donc s'affronter tout au long de la Guerre Froide sur ce terrain idéologique, ce qui les amène à organiser d'intenses campagnes de propagande visant à diaboliser l'ennemi. Aux pics de tension correspondant à des guerres interposées (les deux superpuissances ne sont jamais entrées en conflit direct) succèdent des périodes de détente pendant lesquelles les relations s'apaisent.

Tout au long de la guerre, les Américains comme les Soviétiques tentent de former des alliances militaires et économiques, et c'est ainsi que le monde se divise peu à peu en deux blocs (monde bipolaire). Les États-Unis lancent la doctrine Truman en 1947, une doctrine par laquelle ils promettent leur protection et leur soutien financier aux pays qui acceptent de s'allier. L'Europe de l'ouest accepte cette alliance en raison de l'aide financière (plan Marshall). Les soviétiques répondent à cela la même année par la promulgation de la doctrine Jdanov, ce qui marque le début de la guerre froide. En 1949, les États-Unis décident de renforcer leurs alliances militaires en créant l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord), et l'Union Soviétique répond par la création du Pacte de Varsovie (alliance militaire soviétique).

Cependant malgré cette bipolarisation du monde autour des deux Grands, certains pays font le choix du non-alignement, et c'est ainsi qu'a lieu en 1955 la conférence de Bandung lors de laquelle les pays non-alignés se réunissent et affirment pour certains leur volonté de s'engager dans une troisième voie de développement (ni purement communiste, ni purement capitaliste). Cette conférence rassemble en particulier les nouveaux États indépendants issus de la décolonisation comme l'Inde et le Pakistan (indépendants depuis 1947). Ce courant des non-alignés est rapidement rejoint par la Chine, devenue communiste depuis 1949 avec la victoire de Mao (sauf Taïwan) et qui s'est rapidement détachée de l'influence de l'URSS. La Chine devient également un contre-pouvoir important lorsqu'elle obtient un statut de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1971.

 

III/ Des pics de tension

La Guerre Froide est caractérisée par une constante unique : la course à l'armement atomique. En effet, dès 1949 l'URSS achève son programme de recherche sur l'arme atomique en concluant son premier essai. Pendant toute la Guerre Froide, cette arme a servi aux deux superpuissances à se dissuader mutuellement, chacune craignant une riposte atomique en cas d'agression. Cette course à l'armement a mené l'URSS à se doter de près de 40.000 têtes nucléaires dans les années 1980, contre 30.000 pour les États-Unis. Plusieurs accords de désarmement ont été passés durant le conflit pour limiter la puissance nucléaire de chacun.

L'arme nucléaire a été au cœur d'une des plus graves crises de la Guerre Froide : la crise des missiles de Cuba. Cette crise, survenue en octobre 1962, avait pour origine la tentative de l'URSS d'installer des missiles à Cuba, se donnant ainsi la possibilité de frapper directement le sol américain grâce à des missiles longue portée. Après un blocus de l’île, un accord est finalement trouvé et l'URSS renonce au projet.

Les deux superpuissances ayant acquis la possibilité de détruire intégralement l'autre, la Guerre Froide est donc une guerre de position qui n'a vu aucun affrontement direct entre les deux grands. Elle est matérialisée par le rideau de fer, la frontière séparant les pays du bloc de l'ouest de ceux du bloc de l'est, et par le mur de Berlin, construit en 1961.

Cependant deux affrontements violents éclatent pendant la guerre froide, en Corée entre 1950 et 1953 et au Vietnam entre 1955 et 1975. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces deux pays sont séparés en deux zones, l'une au nord sous domination communiste, l'autre au sud, alliée aux États-Unis. La guerre de Corée se solde par une division définitive du pays et la mise en place d'une dictature communiste au nord, toujours en place aujourd'hui, et la guerre du Vietnam est un échec complet pour les Américains, qui perdent le contrôle du pays après une guerre extrêmement destructrice et meurtrière (un million de soldats tués, 2 millions de civils).

La fin de la Guerre Froide a lieu lorsque l'URSS s'effondre en 1991, un événement annoncé par la chute du mur de Berlin en 1989.


Partie 2 : Le monde depuis 1991


I/ La multiplication des guerres

A partir des années 1990 les guerres se multiplient. Ce sont très souvent des guerres civiles, qui opposent donc les habitants d'un même pays, et leur aboutissement a souvent été dramatique. Parfois les pays se scindent, comme en Yougoslavie, où une série de guerres entre 1991 et 1999 a donné naissance à plusieurs Etats (Serbie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Slovénie, Kosovo et Monténégro) et provoqué la mort de près de 300.000 personnes, dont une majorité de civils. Dans d'autres cas ces guerres aboutissent à des massacres de masse, appelés génocides, et à d'importants mouvements de population, comme ce fut le cas au Rwanda en 1994, où plus de 800.000 civils Tutsi ont été massacrés par les dirigeants Hutu (conflit ethnique). Ce conflit a engendré plus d'un million de réfugiés.

D'autre part de nouvelles menaces apparaissent, comme la montée du terrorisme islamique, issue de la radicalisation de certaines branches comme Al-Qaïda, Boko Haram ou l’Etat Islamique. Certains régimes autoritaires cherchent à se doter d'armes de destruction massive (armes chimiques, nucléaire), comme la Corée du Nord ou l'Iran. Cependant la possession de l’arme nucléaire reste le privilège d’une poignée d’Etats (USA, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord) et l’ONU met tout en œuvre pour éviter la prolifération en interdisant l’acquisition de ce type d’armes (cas de l’Iran).

 

II/ La superpuissance américaine

Après la chute de l'URSS en 1991, les États-Unis deviennent l'unique superpuissance au monde, et ils peuvent donc exercer librement leur hégémonie (domination). En 1990 - 1991 ils prennent la tête d'une coalition de 35 pays ayant pour but de chasser les forces irakiennes installées depuis peu au Koweït. Il s'agit là de la deuxième guerre du Golfe, une guerre qui a remis au goût du jour le principe de guerre éclaire puisque les opérations n'ont duré qu'un peu plus d'un mois.

Les attentats du 11 septembre 2001, dirigés principalement contre le World Trade Center et ayant provoqué la mort de plus de 3000 personnes, constituent la première attaque subie par les États-Unis sur leur propre sol depuis Pearl Harbor en 1941. Ils décident donc de lancer une série de “guerres préventives” pour répliquer à cette attaque. Ils interviennent en Afghanistan en 2001 pour chasser le régime taliban au pouvoir et détruire les centres d’entraînement d’Al-Qaïda, puis en 2003 en Irak où ils provoquent la chute du dictateur Saddam Hussein. Pour justifier cette opération, ils prétendent que celui-ci cherche à se doter de l'arme atomique, ce qui s'est révélé faux. Cette dernière intervention n'a pas été approuvée par l'ONU, ni par la majeure partie de la communauté internationale, même si certains pays européens ont accepté d’intervenir aux côtés des forces américaines (Grande-Bretagne et Espagne notamment, la France ayant quant à elle refusé). Le conflit en Afghanistan a quant à lui débouché sur une occupation longue du territoire par les troupes internationales, troupes qui se sont finalement retirées en mai 2021. Ce retrait a ouvert la voie à une reconquête du pouvoir par les talibans.

 

III/ Vers un monde nouveau

Dans les années 2000 on assiste à l’émergence de nouveaux pôles de puissance comme la Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie. De plus l'UE s’élargit vers l'Est, et même si elle a du mal à parler d'une seule voix et que le récent Brexit (sortie du Royaume-Uni de l’Union), entamé en 2016 et achevé en 2020, elle devient un pôle de puissance majeur. On observe donc la naissance d'un monde multipolaire, où les États-Unis ont perdu leur hégémonie.

En 2011 les révoltes du “printemps arabe” éclatent dans plusieurs pays (Yémen, Syrie, Égypte, etc...). Les populations aspirant à plus de libertés tentent de renverser leurs dirigeants autoritaires. Le résultat de ces révoltes est mitigé en fonction des pays, et il va de l’échec complet de la révolte, comme au sein du royaume de Bahreïn ou en Syrie, à la chute de dirigeants (Kadhafi en Libye, Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Égypte) ou à  d'importants programmes de réforme (Maroc). Certaines de ces révolutions ont été à l’origine d’un grand désordre à l’échelle régionale voire même internationale, comme c’est le cas en Libye où, après la chute du régime, la situation devient hors de contrôle. L’instabilité qui règne au sein de ce pays entraîne des luttes entre différents groupes armés, l’implantation de cellules terroristes islamistes ainsi que l’apparition d’un couloir migratoire qui, étant hors de contrôle, autorise le passage illégal de milliers de migrants, au péril de leur vie, vers le continent européen, provoquant ainsi une crise migratoire. Le conflit syrien a quant à lui provoqué une guerre civile longue, toujours en cours, qui a vu l’apparition d’une mouvance islamiste extrêmement radicale : l’Etat Islamique. Cette mouvance, outre sa tentative de créer son propre Etat dans les territoires qu’elle contrôlait, est également responsable de nombreux attentats à l’échelle internationale, comme les attentats de Paris de 2015.

Enfin les événements récents et actuels se déroulant en Ukraine depuis février 2022, date à laquelle la Fédération de Russie dirigée par Vladimir Poutine décide d’envahir le pays, remettent en question le concept de stabilité des relations internationales acquise grâce à la multipolarisation du monde. En effet, malgré la dissuasion nucléaire, héritage de la guerre froide, et les diverses sanctions, notamment économiques et financières, qui peuvent être imposées par la communauté internationale, il semble au regard de ces événements qu’un conflit entre grandes puissances soit toujours possible.