H1: L’AMÉRIQUE ET L’EUROPE EN RÉVOLUTION (DES ANNÉES 1760 À 1804)

H1: L’AMÉRIQUE ET L’EUROPE EN RÉVOLUTION (DES ANNÉES 1760 À 1804)

Les questions du programme:

« L’Amérique et l’Europe en révolution, des années 1760 à 1804 », permet d’interroger certains effets politiques du développement des relations entre l’Europe et l’Amérique. Dans le dernier tiers du XVIII e siècle, deux révolutions majeures marquent le monde atlantique : la Révolution américaine et la Révolution française qui participent à la remise en cause de l’ordre établi et contribuent à l’affirmation de nouveaux droits et principes. Ces principes trouvent un prolongement singulier dans la Révolution de Saint-Domingue.

À partir des années 1760, l’Europe et l’Amérique connaissent d’importantes révolutions. Aussi distinctes que soient ces dernières, elles n’en sont pas moins marquées par une aspiration à la liberté qui doit beaucoup à l’inspiration de la philosophie des Lumières.

La Révolution américaine (1775-1787) : les « insurgés » des treize colonies contestent la domination britannique, appuient leur volonté d’indépendance sur la proclamation de droits inaliénables de l’homme (1776) et créent de nouvelles institutions politiques (Constitution de 1787). La France apporte son soutien à la Guerre d’indépendance dont les développements ont un grand retentissement en Europe.

La Révolution française (1789-1799) : les révolutionnaires déclarent les droits de l’Homme et du Citoyen (1789), abolissent la monarchie absolue en donnant à la France une première constitution écrite avant d’établir une république.

La Révolution de Saint-Domingue (1791-1804) : une révolte d’esclaves en août 1791 conduit à l’indépendance et à la proclamation de la République d’Haïti, première république issue d’une révolte d’esclaves. Malgré les ravages de la guerre civile après 1804, la Révolution de Saint-Domingue a un retentissement dans l’ensemble du monde atlantique.

COURS

I - L'INFLUENCE DES IDÉES DES LUMIÈRES À LA FIN DU XVIIIE SIÈCLE

Le XVIIIe est un siècle d'effervescence intellectuelle : informations et savoirs circulent, en Europe comme en Amérique du Nord. Des hommes comme les Américains Benjamin Franklin ou Thomas Jefferson s'intéressent à la presse mais aussi aux sciences et à la politique. Ils sont membres de grandes institutions (Royal Society en Angleterre, Académie des sciences en France, American Academy of Arts and Sciences aux Etats-Unis). Des intellectuels écrivent sur le pouvoir politique et son organisation. En France, Montesquieu publie en 1748 De l'Esprit des lois, dont le contenu peut être mis en relation avec la Déclaration d'indépendance des États-Unis de 1776; il y prône la nécessaire séparation des pouvoirs.

En France, le comte de Rochambeau et le marquis de La Fayette membres de la noblesse, s'engagent dans le combat pour la liberté en Amérique qui met en avant le pouvoir et la liberté de chaque citoyen. Les idées des Lumières atteignent donc aussi des personnes jouissant de privilèges dans une société d'ordres inégalitaire. Georges Danton (1759-1794) et Maximilien de Robespierre (1758-1794), tous deux avocats et spécialistes du droit s'engagent dans l'action politique après 1789: eux aussi ont lu les auteurs des Lumières et sont attachés aux idées de liberté et d'égalité

II - LES TREIZE COLONIES BRITANNIQUES D'AMÉRIQUE EN RÉVOLTE

Elle s'opposent à leur métropole anglaise: elles s'insurgent au nom des Droits de l'homme et du libre consentement des gouvernés, contre les mesures de la monarchie anglaise, et proclament leur indépendance en 1776. La jeune nation, inspirée par les idées des Lumières, et dirigée par des hommes comme George Washington et Benjamin Franklin, demande que la France de Louis XVI l'aide à imposer sa souveraineté. Savant célèbre pour ses travaux sur l'électricité, Benjamin Franklin est un ambassadeur populaire des Treize colonies britanniques en France, très influent aussi dans les milieux scientifiques et politiques ouverts aux Lumières.

L'idéal de liberté, et surtout l'opportunité d'affaiblir le grand rival britannique, pousse la monarchie à envoyer aux insurgés américains une aide militaire importante: flotte et soldats français, dirigés par le comte de Rochambeau ou le marquis de La Fayette, combattent outre-mer sous les ordres du général George Washington. En 1783, le traité de Paris reconnait l'indépendance des États-Unis. En 1787 la nouvelle Constitution affirme la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire: George Washington devient le premier président élu (1789-1797) de la république des Etats-Unis. Adoptée entre septembre 1789 et décembre 1791, la Déclaration des droits (United States Bill of Rights) tempère le pouvoir fédéral et garantie libertés et droits. La révolution américaine et naissance des Etats-Unis rencontrent un grand écho en Europe. 

III - LA RÉVOLUTION EN FRANCE ET EN EUROPE

Face a la crise financière entraînée par le coût de la guerre en Amérique Louis XVI réunit en mai 1789 les états généraux. Les élus du tiers état, deux fois plus nombreux que ceux de la noblesse et du clergé s'opposent au roi. Ils prennent le pouvoir au nom de la nation et se proclament assemblée nationale constituante. La prise de la Bastille le 14 juillet 1789 montre le soutien du peuple. Les privilèges sont abolis dans la nuit du 4 août 1789, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée. La France devient une monarchie constitutionnelle et Louis XVI n'a plus que le pouvoir exécutif. L'assemblée et le monarque échouent à gouverner. La fuite manquée du roi en 1791 le rend impopulaire.

Au printemps 1792, la France entre en guerre contre les rois européens. En septembre, le territoire national est envahi, la capitale menacée. Le peuple attaque les Tuileries, le roi est arrêté, la République proclamée.

Un sursaut patriotique, animé par le gouvernement révolutionnaire sauve la jeune République française (victoires de Valmy puis de Fleurus). Les révoltes intérieures (Vendée) sont elles aussi vaincues. En 1799 la France conquérante domine en Europe des républiques sœurs et exporte les valeurs de la révolution

IV - LA RÉVOLUTION AUX ANTILLES

Colonie française depuis 1697, l’Île antillaise de Saint-Domingue abrite une population d'une grande diversité: colons et planteurs blancs, libres de couleurs, et esclaves importés d'Afrique et leurs descendants, les plus nombreux. Seule la population blanche bénéficie des droits politiques et sociaux acquis lors de la révolution française. Le refus de l'égalité politique réclamée par les libres de couleur ainsi que le maintien de l'esclavage et du Code noir provoquent des révoltes à répétition. De leur côté, les colons contestent les contraintes commerciales de L'Exclusif imposé par le pou voir royal dans un contexte de rivalités européennes exacerbées.

Menée par des esclaves et des généraux français originaires de l'île comme Toussaint Louverture ou Dessalines, l'insurrection générale conduit à des affrontements incessants entre les troupes métropolitaines et les insurgés dans un contexte international tendu. L'abolition de l'esclavage en 1794 et le pouvoir grandissant des généraux inquiètent la métropole et surtout Bonaparte. S'étant débarrassé de Toussaint Louverture, il rétablit l'esclavage pour préserver les intérêts financiers des planteurs et de la France mais échoue à conserver la colonie. Saint-Domingue gagne son indépendance en 1804 et devient la première république noire de l'histoire.

NOTIONS ET MOTS-CLÉS :

Citoyen: personne ayant des droits civils et politiques, en particulier le droit de vote.

Constitution: texte fondamental réglant Organisation et le fonctionnement d'un état.

Lumières: mouvement intellectuel et scientifique en Europe au XVIIe siècle, fondé sur les idées de raison, de progrès et de liberté.

Nation: communauté humaine ayant conscience d'être unie par des valeurs, une culture, et la volonté de vivre ensemble.

Privilège : avantage particulier accordé à un individu, membre de la noblesse ou du clergé, sous l'Ancien Régime.

Droits de l'homme: droits que chacun détient du simple fait d'appartenir à l'humanité.

Indépendance: liberté de se gouverner seul, en toute autonomie

Séparation des pouvoirs principe qui divise les fonctions des institutions entre pouvoir législatif (faire les lois), pouvoir exécutif (les appliquer) et pouvoir judiciaire (les faire respecter).

Société d'ordres: division de la société catégories hiérarchisées (en France le clergé et la noblesse ont des privilèges, le tiers état n'en a pas).

Souveraineté: droit absolu d'exercer une autorité.

Assemblée nationale: composée de députés élus, elle détient le pouvoir législatif et incarne la souveraineté nationale.

Code noir (1685): édit réglant la vie des esclaves noirs dans les colonies françaises.

Crise financière: situation d'un Etat qui dépense beaucoup plus qu'il ne perçoit en Impôts et taxes et qui ne parvient pas à trouver de nouvelles ressources.

États généraux: assemblée extraordinaire réunissant les trois ordres de la société: la noblesse, le clergé et le tiers état.

Exclusif (ou Pacte colonial): système interdisant aux colonies de commercer avec un autre partenaire que leur métropole et de fabriquer des produits manufacturés.

Gouvernement révolutionnaire: gouvernement d'exception désigné par l'assemblée nationale en 1793 qui a pour mission de conduire la guerre en utilisant tous les moyens possibles, y compris la violence.

Libres de couleurs: individu noir ou métis ayant obtenu son affranchissement, ou descendant d'affranchis.

République sœur: république fondée par la République française lors des guerre de la Révolution française à la fin du XVIIIe siècle.

REPÈRES À CONNAÎTRE PARFAITEMENT ! :

(en italiques, les repères du collège)

1751-1772 : Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.

1775-1783 : guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique.

1776 : Déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique.

1787 : Constitution des États-Unis d’Amérique.

1789-1799 : Révolution française et Première République.

26 août 1789 : Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen.

10 août 1792 : chute de la monarchie en France.

1794 : abolition de l’esclavage dans les colonies par la République française (1793 à Saint-Domingue), rétabli en 1802.

1804 : indépendance de Saint-Domingue qui devient Haïti.