H2. VIVRE EN FRANCE EN DÉMOCRATIE DEPUIS 1945

H2. VIVRE EN FRANCE EN DÉMOCRATIE DEPUIS 1945

 I/ La proclamation de la nouvelle République

         1) De la IVème à la Vème République

Après la Seconde Guerre Mondiale, la IVème République est proclamée en 1946. La constitution de ce régime prévoit la simplification des institutions politiques, tout en conservant le suffrage universel indirect (incluant depuis 1944 le vote des femmes) pour l'élection du président de la République. Mais le bon fonctionnement de ce régime est perturbé par un contexte international houleux : les mouvements indépendantistes et la décolonisation s'accélèrent. La guerre d'Indochine (1946-1954) se solde par l'indépendance du Vietnam et par la séparation du pays entre le Vietnam du Nord, communiste, et le Vietnam du Sud. La guerre d'Algérie (1954-1962) et l'instabilité des gouvernements successifs achèvent de mettre à bas la IVème République.

En 1958, les Français d'Algérie, craignant la proclamation de l'indépendance, se soulèvent, et le général De Gaulle est appelé à prendre le pouvoir pour résoudre cette crise. Il est investi des pleins pouvoirs et chargé de rédiger une nouvelle constitution. Celle-ci est approuvée par référendum en septembre et donne ainsi naissance à la Vème République.

 

            2) La présidence du général De Gaulle

Grâce à la constitution, De Gaulle est investi d'un grand pouvoir. Il réalise un premier septennat entre 1958 et 1965 puis est réélu, cette fois au suffrage universel direct (loi de 1962). Son objectif principal est de mettre fin à la guerre d'Algérie, et il commence donc à négocier avec le FLN (Front de Libération Nationale) à partir de 1959. Les négociations aboutissent aux accords d'Evian, qui proclament l'indépendance de l'Algérie en 1962. La décolonisation concerne également l'Afrique sub-saharienne à partir de 1960 (indépendances négociées).

La figure du général est également connue pour son indépendance vis à vis de la politique étrangère américaine. En 1966 il décide de retirer la France du commandement militaire de l'OTAN, et il reconnaît la Chine communiste et condamne la guerre du Vietnam menée par les États-Unis contre le Vietnam du Nord, communiste. Le général De Gaulle prend également ses distances par rapport à la construction européenne, qui progresse très peu sous sa présidence. Enfin c'est lui qui dote la France de l'arme nucléaire.

 

            3) Mai 1968 et la chute de De Gaulle

En mai 1968 le plus grand mouvement social du XXème siècle en France débute par une grève des étudiants, rapidement suivie par les milieux ouvriers. Les manifestants, très jeunes en règle générale, contestent le pouvoir autoritaire du général, et de manière générale la rigueur et le manque de libertés qui leur sont imposés par la génération de leurs parents, très marqués par la guerre. Ils réclament également une revalorisation des salaires. Les manifestations débouchent rapidement sur des combats entre manifestants et forces de l'ordre et plusieurs personnes perdent la vie.

Le mouvement prend fin lorsque le général annonce dans un discours du 30 mai la dissolution de l'Assemblée Nationale. Pourtant la nouvelle majorité revient aux députés gaullistes. En 1969, De Gaulle démissionne suite à l'échec d'un référendum.

 

II/ Alternances, partis politiques et institutions

Depuis les années De Gaulle, la France est dirigée alternativement par des présidents de droite comme de gauche. Georges Pompidou (1969-1974) puis Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981) débutent cette alternance à droite, puis François Mitterrand (1981-1995) installe la gauche au pouvoir. La droite reprend le pouvoir avec Jacques Chirac (1995-2007) et Nicolas Sarkozy (2007-2012), puis c'est la gauche, dirigée par François Hollande, qui s'impose. Mais 2017 représente un tournant important dans la vie politique française : c'est la fin de l'alternance droite/gauche avec l’élection d'Emmanuel Macron, représentant du centre gauche (parti En Marche !).

L'alternance est également observable au sein du parlement ainsi que des gouvernements successifs, ce qui donne lieu à plusieurs reprises à une cohabitation droite/gauche à la tête du pays, avec une entente parfois complexe. Le président Chirac, de droite, a par exemple dû composer avec un gouvernement de gauche, dirigé par Lionel Jospin entre 1997 et 2002.

 

Sous la Vème République, les courants politiques se simplifient, et on assiste à une véritable polarisation des idées politiques autour de deux grands partis : le Parti Socialiste (PS) à gauche, et l'UMP-Les Républicains (créée en 2002, anciennement UDR-RPR) à droite.

Le Parti Communiste Français (PCF), et l’extrême gauche de manière générale, s'effondre – surtout après la chute de l'Union Soviétique – et ne représente plus qu'une part minime des votes. Le parti écologiste (Europe Écologie Les Verts) créé en 1984 connaît dans un premier temps un succès notable, mais stagne depuis la crise de 2008. Le centre, depuis toujours morcelé en une constellation de partis, rassemble également assez peu de voix, sauf aux élections de 2017.

Le Front National (FN) créé en 1984, le plus grand parti d'extrême droite, réalise une percée importante avec Jean-Marie Le Pen, puis sa fille Marine, à sa tête. En 2002 Mr Le Pen arrive au deuxième tour des présidentielles face à Mr Chirac, et le parti est depuis resté haut dans les sondages, malgré les nombreuses critiques qu'il soulève.

Enfin, comme dit précédemment l’année 2017 marque d'importants changements, avec l'apparition de nouveaux partis qui ont rassemblé de nombreuses voix : En Marche! d'Emmanuel Macron et la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon (parti de gauche).

 

            3) Institutions

Comme dans la constitution précédente, celle de la Vème République prévoit la séparation des trois pouvoirs : législatif (créer les lois), exécutif (faire appliquer les lois), judiciaire (faire respecter les lois).

Le pays est toujours dirigé par un président, la tête de l'exécutif, élu cette fois au suffrage universel direct pour une durée de 5 ans depuis 2000 (7 ans auparavant). L'exécutif est complété par un premier ministre, nommé par le président, et un gouvernement, choisi par le premier ministre. On parle donc d'un régime semi-présidentiel. Le président est également chef des armées, il peut dissoudre l'Assemblée (dans le but de dénouer un blocage politique), même si cette mesure est très rarement employée, et il peut également bénéficier de pouvoirs exceptionnels en cas de crise grave (article 16 pour les pleins pouvoirs, instauration de l’état d'urgence, gouvernance par ordonnance grâce à l'article 49-3). Il est parfois amené à consulter la population directement par référendum (vote sur une question précise).

Le pouvoir législatif est partagé en deux parties : l'Assemblée, élue pour 5 ans par les citoyens, et le Sénat, élu pour 6 ans par les représentants du peuple (députés, conseillers généraux et municipaux). L’Assemblée exerce également un rôle de contrôle sur le gouvernement et peut le faire tomber grâce à une motion de censure (votée en réponse à un projet de loi du gouvernement).

Enfin le conseil constitutionnel, dont les membres sont nommés pour 9 ans, est en charge de vérifier si les lois promulguées respectent le bloc de constitutionnalité (DDHC de 1789, préambule de la constitution de 1946, constitution de 1958 et Charte de l’environnement de 2004). Tous les anciens présidents de la République en sont membres permanents à titre honorifique.