G1. L’ACCÈS AUX RESSOURCES POUR PRODUIRE, CONSOMMER, SE LOGER ET SE DÉPLACER

G1. L’ACCÈS AUX RESSOURCES POUR PRODUIRE, CONSOMMER, SE LOGER ET SE DÉPLACER

I/ Explosion démographique et épuisement des ressources terrestres

Selon les estimations, la population mondiale pourrait atteindre 10 milliards d’habitants entre 2050 et 2100, pour ensuite entamer une phase de stabilisation, voire de déclin léger. Cette croissance sans précédent est le fruit de la transition démographique, un phénomène qui a concerné jusqu’à récemment les pays développés et qui touche actuellement les pays en voie de développement. Celui-ci s’explique par une combinaison de paramètres : l’invention et la diffusion de la médecine moderne, qui entraîne une importante baisse du taux de mortalité, et l’augmentation de la production agricole grâce à la mécanisation du secteur, permettant ainsi de nourrir une population plus nombreuse. Cette amélioration des conditions de vie associée à un taux de natalité très élevé produit une augmentation importante de la population. Mais après cette phase de croissance, la population vieillit, et le taux de natalité baisse, achevant ainsi la transition démographique.

Dans les pays développés, ce phénomène commence très tôt, lors de la seconde révolution industrielle, et son effet reste modéré. Mais dans les pays en voie de développement le phénomène se révèle beaucoup plus fort et rapide. Il commence à partir des années 1950, et multiplie par dix la population de certains pays (exemple du Niger). Avec cette explosion démographique récente, les inégalités de développement ont très fortement augmenté, et pour certains pays, surtout en Afrique, cette explosion a empêché le décollage économique.

En 2018, plus de la moitié de la population mondiale réside en ville. La population urbaine est en perpétuelle augmentation, et on estime qu’en 2050 les villes abriteront 70% de l’humanité. Ces villes, et particulièrement les mégapoles, sont les centres d’impulsion du développement, et elles concentrent la majeure partie des activités, des emplois et des infrastructures du pays. Sur tous les plans, les citadins consomment plus (eau, énergies, transports), et le développement d’une classe moyenne urbaine va provoquer une demande croissante dans les années à venir.

Ce mode de développement, qui concerne l’essentiel des pays du monde, se révèle être extrêmement consommateur, et on assiste ainsi à l’épuisement de nombreux stocks de ressources (énergies fossiles et minéraux, eau des nappes phréatiques, forêts, ressources halieutiques), qu’elles soient renouvelables ou non. Dans ce cadre, chaque année la date à laquelle l’humanité a épuisé l’ensemble des stocks de ressources renouvelables de la planète est avancée. La surexploitation de la planète conduit de plus à des phénomènes extraordinaires d’une ampleur toujours croissante : disparition des espèces et de la biodiversité, phénomènes climatiques de plus en plus intenses et nombreux, fonte des glaciers, érosion et destruction des sols.

 

II/ Inventer un nouveau mode de vie : le développement durable

L’idée de développement durable et de protection de l’environnement est née dans les années 1970 au sein des pays les plus avancés. En effet, après une période de croissance économique sans précédent (les Trente Glorieuses, une période de trente ans succédant à la Seconde Guerre mondiale), période durant laquelle les ressources terrestres sont exploitées de manière extensive, l’impact sur l’environnement apparaît clair, et les premiers mouvements écologistes naissent alors (associations et partis politiques).

Ces groupes commencent à critiquer le concept de croissance infinie dans un monde fini, la planète ne disposant pas de ressources illimitées. Les partis écologistes portent donc la question au niveau politique, convainquant ainsi peu à peu les responsables de la nécessité de promulguer des lois et de signer des accords avec d’autres Etats afin d’assurer la protection de l’environnement. Ainsi, plusieurs sommets internationaux ont été organisés depuis les années 1990, parmi lesquels celui de Rio (1992), celui de Kyoto (1997) ou encore la COP 21 organisée à Paris en 2015. Suite à ces sommets, divers compromis ont été signés par les leaders mondiaux dans le but de réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement. Mais la signature de ces compromis ne donne pas toujours lieu à un réel changement, et les réticences viennent parfois même des pays développés. Les Etats-Unis par exemple font partie des seuls pays au monde à avoir refusé de signer le protocole de Kyoto, fixant des normes à respecter concernant les émissions de gaz à effet de serre (CO2).

Aujourd’hui, face à l’épuisement des ressources terrestres et aux nombreuses pollutions (air, eau, sols), le développement durable s’impose comme une priorité. Cependant ce concept ayant été inventé par les pays développés, il ne trouve que peu d’échos dans les pays en voie de développement. En effet, ceux-ci se montrent réticents lors des négociations et estiment qu’ils doivent d’abord donner la priorité à leur développement économique plutôt qu’à la protection de l’environnement.

Comme pour les populations des pays les plus avancés, les populations des pays émergents refusent l’idée de devoir abandonner leur niveau de vie, qui a beaucoup augmenté lors des dernières décennies, afin d’épargner l’environnement. Dans les pays les plus pauvres, les projets de développement durable ne sont pas non plus une priorité car ceux-ci ont d’autres urgences à régler (nourrir leur population, assurer un cadre de vie pérenne). Ces projets sont donc la plupart du temps financés par des fonds provenant de l’aide internationale. Cependant, dans certains cas particuliers, des projets de développement durable voient le jour par la volonté même des dirigeants. C’est notamment le cas de l’Ethiopie, un pays qui mise actuellement sur l’éolien car pauvre en ressources énergétiques, ou encore de la Chine qui commence à se tourner vers la production d’énergies renouvelables.

Ainsi les grands projets visant à organiser la transition vers un mode de développement durable sont majoritairement menés au sein des pays développés. Ces projets sont le fruit de la collaboration entre différents acteurs qui agissent à différentes échelles. Les premiers acteurs du changement sont les citoyens eux-mêmes qui, grâce à une prise de conscience à la fois individuelle et à la fois collective, peuvent faire entendre leur voix via des associations et ONG (Organisations Non Gouvernementales) qui font pression sur les acteurs politiques (élus locaux, nationaux et européens) afin qu’ils adoptent des politiques publiques visant à mettre en place des projets de développement durable (transports, logements, traitement des déchets, etc.). De la même façon, les consommateurs et les associations font également pression sur les grandes entreprises de différentes façons (boycott de produits, manifestations, diffusion d’informations) afin d’obliger celles-ci à adopter une ligne de conduite plus respectueuse de l’environnement. Enfin la communauté scientifique joue également un rôle de premier plan dans cette transition vers un mode de développement plus durable en proposant des innovations technologiques qui vont dans ce sens.